Comme c'est ENERVANT ...

Publié le par il faut le dire...et parfois le faire

…d’entendre nos journalistes-journaleux (mais pas seulement eux…) maltraiter notre langue ! Ne parlons pas des liaisons mal-t-à propos qui foisonnent… (pas plus tard que ce midi, un proviseur de lycée prononce « quatre vingts élèves » comme s’il n’y avait pas de « s » !

L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit. 
Gandhi, Le Jeune Inde

Ce que les linguistes appellent joliment le sentiment linguistique, c'est l'instinct qui nous permet d'identifier les fautes de grammaire dans notre langue maternelle.

Et de ne pas les commettre. Les journalistes semblent souvent très peu… sentimentaux sur ce plan-là... Au point d'utiliser, pour certains d'entre eux, le futur après si.

Ce qui donne par exemple [ Le Progrès de Lyon ] : "Si la construction sera abandonnée" (sic).
En anglais, when (quand) est suivi du présent pour exprimer le futur : when I'm 64 se traduisant par quand j'aurai 64 ans.

En français, c'est la conjonction « si » qui est suivie du présent pour exprimer une éventualité future : "si vous venez, j'en serai ravi" - doit-on dire, et non "si vous viendrez, j'en serai ravi".

On s'étonne de devoir le rappeler à des professionnels de la langue. Mais on s'étonne plus encore qu'ils s'obstinent dans l'erreur et tentent de démontrer avec beaucoup d'acrobatie que, si, la conjonction si accepte le futur. Or non !

L'hypothèse sur le futur...
"Quand" suivi du futur simple indique une certitude
ex: L'année prochaine, quand je reviendrai, je retournerai dans cet hôtel.
Quand il n'y a pas de certitude, on fait une "hypothèse sur le futur" et on utilise :
Une hypothèse et une conséquence
l'hypothèse = "si" + présent
la conséquence = futur simple.
ex: L'année prochaine si je reviens, je retournerai au Canada
La partie de la phrase introduite par "si" n'est jamais au futur.
ex : Si j'ai des vacances et si j'ai de l'argent, je partirai au Canada.
Il ne faut pas confondre le "si" de l'hypothèse et le "si" du discours indirect qui peut être suivi du futur...
ex : Je ne sais pas si (oui ou non) je viendrai
Il lui demande si (oui ou non) elle pourra le faire.
Ici il n'y a pas d'hypothèse.
Quand la phrase exprime une vérité générale ou une recommandation, la conséquence est au présent ou à l'impératif :
ex : Si on mange mal, on risque de tomber malade.
Ne pas confondre le futur et le conditionnel qui peut faire l'objet d'une deuxième question.

La conditionnelle joue, dans la phrase, le même rôle qu'un complément circonstanciel de condition, dans la proposition.

Elle indique à quelle condition se fait l'action exprimée par le verbe de la proposition dont elle dépend.

Je lui parlerais si c'était nécessaire (en cas de nécessité).

La conjonction de condition par excellence est "si". Le mode du verbe de la conditionnelle par "si" est l' indicatif.

Il mange, s'il a faim 
Il mangera, s'il a faim 
Il mangerait, s'il avait faim.

Il convient de distinguer deux cas selon le mode du verbe de la principale : indicatif, subjonctif, impératif, d'une part, conditionnel de l'autre.

1. le verbe de la principale est à l'indicatif : il s'agit d'une simple hypothèse et les temps des propositions se correspondent directement (Si tu pars tout de suite, tu arriveras à temps. S'il a dit cela, il a eu tort).

Notez : le futur et le conditionnel sont exclus. On emploie le présent (ou une périphrase) à la place du futur, et le passé composé à la place du futur antérieur.

(Si tu admets cette opinion, tu as tort. Si tu as admis cette opinion, tu as eu tort. Si cela vient à se reproduire, nous prendrons des mesures).

Si le verbe de la principale est au subjonctif ou à l' impératif, rien ne change pour le verbe de la conditionnelle (Qu'il se mette au travail, s'il est prêt).

2. le verbe de la principale est au conditionnel : la condition est seulement imaginée ou même présentée comme irréelle.

On emploie l' imparfait ou le plus-que-parfait dans la subordonnée (Tu aurais tort, si tu admettais cette opinion. Tu aurais eu tort, si tu avais admis cette opinion).

Selon que les faits concernent le présent, le futur ou le passé, on parle "d'irréel du présent" (Je serais satisfait, si j'avais un bon outil = maintenant), de "potentiel"

(Je serais satisfait, si j'avais de ses nouvelles avant la fin de la semaine), "d'irréel du passé" (J'aurais été satisfait, si j'avais eu de ses nouvelles avant qu'il revienne).

Lorsque les faits concernent le passé, on trouve parfois le plus-que-parfait du subjonctif, soit pour les deux verbes, soit pour l'un des deux seulement.

(Je fusse parti, s'il ne m'eût parlé. Je l'aurais remercié, s'il fût venu. Je l'eusse remercié, s'il avait été présent).

Notez : Il faut prendre garde de ne pas confondre, "si" conjonction, et "si" adverbe introduisant une complétive interrogative. Après "si" marquant une condition, le mode conditionnel est interdit (Si j'aurais su??).

La conditionnelle peut être introduite par diverses conjonctions ou locutions.

Son verbe se met au subjonctif après : "à condition que, à supposer que, à moins que, pour peu que, pourvu que, en admettant que, supposé que, soit que...soit que, soit que...ou que,

Son verbe se met à l' indicatif après : "selon que...ou que, suivant que...ou que, dans la mesure où".

Son verbe se met au conditionnel après : "quand, quand bien même, alors même que".

"Au cas où" admet le conditionnel ou le subjonctif.

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N
<br /> Combien vraies les évidences que vous soulignez. Mais n'a-t-on pas les journalistes qu l'on mérite?<br />
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